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Alors, sans haine aucune, comme s’il eût caressé Mitis ou Moute, Miraut lécha doucement et longuement sa victime morte et la puça même d’avant en arrière et d’arrière en avant. Puis, excité sans doute par l’odeur du sang, il renifla le ventre et ouvrit la gueule pour y aller de son franc coup de dent.

Lisée jugea que c’était suffisant et, lui reprenant bien vite le capucin, il commença par le faire pisser en lui pressant sur la vessie et puis le mit immédiatement et sans façons dans la grande poche carnier de sa veste de chasse.

Toutefois, pour que Miraut n’eût pas couru pour rien et pour l’encourager à continuer, il lui coupa successivement, à la dernière jointure, les quatre pattes du lièvre et les lui jeta une à une.

Elles disparurent comme une bouchée de pain, poil et os, et griffes, et viande, et Miraut attendait encore tandis que Lisée le félicitait tout heureux :

— Hein, nous voilà dépucelé ! mon vieux Mimi. Comme l’autre, insensible aux discours, attendait toujours, il voulut lui jeter un bout de pain et un morceau de sucre qui furent profondément dédaignés.

— Ah ! il faut de la viande à monsieur, maintenant ! T’es pas dégoûté, mon salaud, marmonna