Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée
148
LE ROMAN DE MIRAUT

— C’est rien, c’est rien, affirmait Kalaie, C’est des petits services qu’on se doit entre pays.

On s’en fut à l’auberge où, la politique aidant, d’un litre on en but plusieurs, ensuite de quoi Pépé voulut qu’on allât chez lui goûter sa vendange et puis Kalaie exigea qu’on fit une troisième pose dans sa maison pour juger de la qualité de la sienne, si bien que ce ne fut qu’assez tard que les trois compères, parfaitement d’accord et amis comme cochons, se séparèrent, saouls comme des Polonais. La joie entrait, disons-le tout de suite à sa décharge, pour une bonne part dans la cuite magistrale de Lisée.

À Longeverne cependant, La Guélotte, anxieuse, énervée comme au premier soir, attendait le retour de son homme, espérant bien que le chien, nonobstant remèdes et sorcelleries, serait enfin crevé.

Elle pâlit de male rage en voyant, absolument comme l’autre fois, son mari, plein comme un boudin, ramener, plus gaillard que jamais, le petit chien qui, affamé par la marche, vint sans tarder flairer toutes les gamelles et toutes les marmites de la cuisine.

— Tas de cochons ! mâchonna-t-elle. Ah ! ce qui ne vaut rien ne risque rien. Je n’ai jamais eu de chance dans ma vie.

Et sans rien ajouter, sombrement rageuse,