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faux, fixée dans le vieux tronc de poirier sur lequel il était assis à califourchon, Lisée le chasseur, Lisée le braco, rêvait en fumant sa pipe. Plus fatigué, lui, d’une longue randonnée en plein champ, Miraut s’était gravement assis sur son derrière et, impassible et clignant des yeux par moments, regardait son maître, tirant d’énormes bouffées de son éternel brûle-gueule.

Un pas sonna dans le sentier de l’enclos et le chien, le reconnaissant pour celui d’un familier, se leva aussitôt, frétillant et aimable pour saluer, en lui sautant à la poitrine et en lui léchant les mains, l’ami Philomen, maître de Bellone.

— Salut, ma vieille branche, s’exclama Lisée.

— Je suis venu en bourrer une près de toi, histoire d’attendre le moment de la soupe, expliqua Philomen en choisissant pour siège le bout équarri d’une grosse poutre noircie par les intempéries et qui servait de banc rustique. Et les deux hommes se mirent à deviser des travaux de la saison, du blé qu’on commençait à battre et qui rendait pas mal, des labours et des semailles qui s’achevaient dans de bonnes conditions, du bois qu’ils couperaient aux premières heures de liberté et des défrichements qu’ils entreprendraient au cours de l’hiver prochain.