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LE ROMAN DE MIRAUT

jusqu’à ce qu’elle pourrisse et qu’elle pue comme un vieux Munster, ça l’apprendra. C’est moi qui jugerai quand tu devras en avoir assez.

De dégoût pour la bestiole qu’il promenait toujours comme un forçat traîne son boulet, agacé du contact, écœuré par l’odeur, Miraut, pour ne point la toucher, marchait en écartant les pattes, et, pour ne pas la sentir, levait le nez en l’air autant qu’il lui était possible de le taire. Le quatrième matin, des griffes et des pattes, dans le mystère et le silence, il réussit, on ne sut jamais comment, à s’en dépêtrer enfin. Lisée, allant le prendre à sa remise, trouva dans un coin la poule intacte, aussi éloignée que possible du chien qui jetait des regards inquiets tantôt sur elle et tantôt sur son maître.

Après qu’il se fut bien rendu compte qu’il n’y avait point mordu, le chasseur, revenu près de Miraut, se laissa enfin émouvoir par le pauvre toutou qui se leva hésitant et, timidement, se hasarda à lécher les grosses mains rudes pendant le long des cuisses sur le pantalon de droguet.

— Tu tâcheras de recommencer, proféra-t-il fortement, mais sans colère ni menace, en désignant la géline d’un index sévère.

Et ce fut ainsi que la paix fut faite entre Lisée et Miraut et que ce dernier fut radicalement