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lion préparatoire, on mit la muselière à Miraut. Comme ce fut le maître qui opéra, il se laissa faire sans trop de résistances, un peu ahuri toutefois de toutes ces courroies qui lui barraient le nez et lui sanglaient la gueule.

Parce qu’elles sentaient bon le cuir neuf, il essaya immédiatement de les mordre, et ne put naturellement pas bouger les mâchoires.

Lisée alors lui ouvrit la porte pensant qu’il se précipiterait aussitôt dans la cour, mais il n’essaya point de gagner le dehors : quelque chose le préoccupait et le gênait.

Il porta la patte à son nez et tâcha d’accrocher une courroie, mais la griffe ne fit qu’érafler légèrement le cuir et retomba.

Bien qu’il louchât affreusement, il ne pouvait se rendre compte de ce qu’il avait autour du museau et des bajoues ; mais il sentait bien au toucher que c’était quelque chose d’embarrassant et au nez que c’était une substance qu’il serait agréable de mastiquer avec les dents ; toutefois, l’impression de gêne domina bien vite tout le reste et il ne rêva bientôt plus qu’à faire sauter cette entrave agaçante.

Il alla flatter Lisée et se frôler à lui comme pour lui demander de vouloir bien retirer cet engin encombrant, mais naturellement Lisée n’accéda point à son désir.