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toucher si l’on ne veut point les faire souffrir et diminuer leur admirable flair.

Miraut cependant commença et mordilla la coupante arête, amolissant par la salive et rongéant par les dents. Au bout d’une heure il en avait à peine ébréché un centimètre lorsqu’il entendit claquer la porte de la cuisine.

Prudent, il quitta le chantier et regagna sa botte. Il savait déjà ou plutôt il sentait que ce qu’il faisait était opposé à la volonté des maîtres auxquels il devait obéissance ; s’ils eussent été là, il se fût abstenu ; on leur absence et loin du châtiment, il s’appliquait, tous instincts débridés et tendus, à contrecarrer une décision qu’il jugeait injuste. Le bruit entendu lui rappelant que le manche à balai est un instrument redoutable, il s’était arrêté, mais dès qu’il ne perçut plus rien, il retourna vivement besogner.

Accroupi, il travaillait avec tant d’ardeur, tout à son idée, qu’il n’entendit pas la porte s’ouvrir une deuxième fois.

Il bondit en arrière en hurlant sous le coup de baguette que la Guélotte furibonde venait de lui flanquer, tandis qu’elle repartait, beuglant à pleine gorge :

— Viens voir maintenant ce qu’il fait : il est en train de ronger la porte de dehors.

Lisée arrivant ne put que se rendre compte