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LE ROMAN DE MIRAUT

serait pas fâchée qu’il t’arrive[1] malheur.

Et un peu ennuyé et caressant son chien, tout content au fond de cet attachement et de cette fidélité, le chasseur se demandait s’il ne conduirait pas Miraut jusqu’à Velrans qui était sur sa route. En donnant le bonjour à son ami Pépé, il lui confierait pour la journée son petit chien et il n’aurait qu’à le reprendre au retour.

Pourtant, ayant réfléchi que Pépé pouvait être absent ou que le chien, se trouvant en milieu inconnu, chercherait sans doute à s’échapper encore, il ne s’arrêta point à cette solution.

— C’est bien embêtant, ça, ronchonna-t-il ! Je peux pourtant pas retourner à Longeverne pour le ramener et laisser en panne ici au milieu la voilure et le « calandau ».

Si je rencontrais au moins quelqu’un qui aille au pays ! Ainsi réfléchissant, Lisée avançait toujours dans la direction du moulin de Velrans.

— Ah ! s’exclama-t-il, au bout d’un instant : j’ai trouvé, je ne pensais pas que c’est aujourd’hui jeudi, je donnerai deux sous aux gosses du meunier qui ne vont pas en classe et qui seront tout contents de remmener Miraut chez nous.

  1. J’en demande bien pardon à l’Académie, mais Lisée, ignorant les règles de concordance des temps, avait un profond et naturel mépris pour l’imparfait du subjonctif ; que ce soit dit une fois pour toutes.