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LA SATIRE AU XVIe SIÈCLE
ET LES
TRAGIQUES D’AGRIPPA D’AUBIGNÉ.


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LA SATIRE.

Le XVIe siècle est un siècle de combat ; le génie moderne y prend pour la première fois corps à corps celui du moyen âge, et le grand souffle de la Renaissance ébranle sur leurs autels les idoles qu’on avait adorées mille ans.

Guerre sur le terrain religieux entre l’Église romaine et le protestantisme, guerre sur le terrain philosophique entre la libre pensée et la scolastique, guerre dans le domaine des beaux-arts entre les gothiques et les disciples de la nature et de l’antiquité, guerre dans le domaine social, entre les idées démocratiques et la vieille organisation politique, guerre en tout et partout.

Cette gigantesque lutte, qui se poursuit ardente et terrible sur les champs de bataille, dans la chaire, les universités et les écoles de beaux-arts, se manifeste aussi dans la littérature. Toute œuvre littéraire devient une œuvre de combat, c’est-à-dire une satire. Le XVIe siècle est par excellence le siècle de la satire. Satire politique, philosophique, religieuse, tantôt railleuse, tantôt menaçante, tour à tour grelots de la folie, clairon qui sonne la charge ou tocsin des guerres civiles, elle imprègne tous les genres littéraires de son âcre senteur,