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Que d’amertume dans ce quatrain, qui court les campagnes :

Le feu roi devina ce point Que ceux de la maison de Guise Mettraient ses enfants en pourpoint Et son pauvre peuple en chemise !

Quel coup de massue que ce terrible pamphlet du Tigre, imité de la première catilinaire et dirigé par François Hotman, sous le voile de l’anonyme, contre le plus venimeux et le plus détesté des Guises, le cardinal de Lorraine !


« Tigre enragé, vipère venimeuse, sépulcre d’abomination, spectacle de malheur, jusques à quand sera-ce que tu abuseras de la jeunesse de notre roi ?… Quand je te dirai que, pour avoir diminué la France de ses forces, tu as fait perdre au feu roi une bataille et la ville de Saint-Quentin… Quand je te dirai qu’un mari est plus continent avec sa femme que tu n’es avec tes propres parentes, que tu t’es emparé du gouvernement de la France et as dérobé cet honneur aux princes du sang pour mettre la couronne de France en ta maison, que pourras-tu répondre ? Si tu le confesses, il te faut pendre et étrangler ; si tu le nies, je te convaincrai. »


Avertissement suprême à la veille de la guerre civile, ce rugissement du Tigre ébranle toute la France et semble maudire d’avance « les verts manteaux » de Lorraine.

Ils ne reculent point cependant ; les reîtres de François de Guise égorgent les paysans de Vassy, Tépée sort du fourreau. Désormais, c’est une guerre à mort entre les calvinistes et les Lorrains. Chaque fois qu’un de ceux-ci trébuche et tombe dans la voie sanglante où leur ambition les pousse, la satire calviniste entonne un chant de triomphe.

A peine la balle de Poltrot a-t-elle couché dans la tombe

François de Guise, au milieu des lauriers de Dreux, que la

chanson s’élève pour célébrer ce beau jour, sur un air qui

annonce celui de Malborough :

Qui veut ouïr chanson ? C’est du grand duc de Guise, Et bon, bon, bon, bon,. Di, dan, di, dan, bon, C’est du grand duc de Guise Qu’est mort et enterré.