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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

fluence du prince-évêque pour qu’un prêtre consentît à célébrer un mariage dans de telles conditions.

En entrant dans la chapelle, au moment d’atteindre à ce bonheur si ardemment souhaité, Hélène éprouvait une émotion profonde, mêlée d’un vague sentiment d’angoisse. Elle s’agenouille auprès du comte, immobile, les yeux fixés en terre, absorbée dans ses pensées. Au moment de monter à l’autel, le comte lui offrit la main pour l’y conduire ; elle se releva, mais tout à coup regardant devant elle avec terreur, elle s’arrêta court, en proie à une hallucination terrible. À la lueur vacillante des cierges elle crut voir devant elle trois cercueils couchés qu’il fallait franchir pour arriver à l’autel. Le comte, effrayé, de l’air égaré d’Hélène, lui en demanda la cause à voix basse ; le son de cette voix la rappela à elle-même, et, chassant par un effort de volonté cette horrible vision, elle monta d’un pas ferme les trois marches de marbre noir qui avaient pris à ses yeux ce sinistre aspect. Les époux rentrèrent à Werky et cet instant d’angoisse fut vite oublié.

Après un séjour assez prolongé en Lithuanie, pendant lequel le grand chambellan visita les