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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

Pendant ces négociations, Hélène vivait à Kowalowska, dans une profonde retraite. Cette lettre lui parvint dans un moment où il lui était impossible d’envoyer de l’argent à Bruxelles. Cette femme mondaine, habituée au luxe le plus recherché, était réduite presque à la gêne, et, par une fierté bien naturelle, ne voulait rien accepter du comte, sauf l’hospitalité. Elle lui écrivait :

« Votre lettre m’a rendue bien triste. Pas plus question de votre retour que s’il ne devait jamais avoir lieu. MM. de Ligne ne veulent entendre à rien ; que faire ? quel parti prendre ? Que veulent-ils de moi ? quel est leur but ? Ils veulent apparemment que le besoin me fasse condescendre à leur volonté, et croiront me faire une grâce en me renfermant dans un couvent avec une pension[1]. Mais, quand ils voudraient me recevoir dans le sein de leur famille, jamais je n’y retournerais ; tout est dit entre eux et moi, et je préférerais encore le convent à la peine de vivre avec des gens que je n’aime pas, et dont je serais méprisée ; ce mot seul me fait frémir.

» Quant à la fortune, il me serait bien pénible

  1. Cette phrase prouve que le comte n’avait pas envoyé à Hélène la lettre du prince de Ligne qui lui offrait un de ses châteaux comme retraites