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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

tendait en avoir l’honneur à elle seule ; elle s’était préparée à lutter contre un amant passionné, et elle setrouvait en face d’un homme parfaitement maître de lui-même et plus raisonnable qu’elle.

Mécontente d’elle, de lui et de l’imprudent aveu qu’elle venait de faire, elle écrivit et déchira trois ou quatre lettres après son départ ; enfin voici celle qu’elle envoya.

« Voilà trois fois que j’essaye de vous écrire, sans qu’il me soit possible de vous bien exprimer toute l’agitation de mon cœur. Combien la journée d’hier a fait de changement dans mon sort ! Je me trouve avilie, humiliée… Je vous ai accordé la première demande que vous m’avez faite, mais j’ai voulu mettre entre nous une barrière que votre délicatesse vous empêcherait de franchir. À présent que j’y réfléchis, je vois que cette capitulation ne faisait qu’ajouter à mon imprudence. Je vous ai fait voir ma faiblesse, et vous m’avez donné l’exemple du pouvoir que l’honneur a sur vous ; je me suis oubliée, vous vous êtes souvenu. Ce n’est pas le moment de prétendre à votre estime ; la suite seule peut vous forcer à me la rendre. »

« P.-S. J’ai la tête si remplie des événements de la journée d’hier, qu’il m’a été impossible de