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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

ment l’Empire lit. Les soldats de l’évèque de Liège sont en pleine marche contre les banquiers de Spa. Les Pays-Bas se révoltent sans savoir pourquoi contre leur souverain. Bientôt, sans doute, on se tuera pour devenir plus libre et plus heureux. L’Autriche, menacée dans son sein même, menace faiblement ses amis et ses ennemis qu’elle a peine à distinguer. L’Angleterre, qui n’est jamais d’accord avec l’Angleterre ! a sa majorité en faveur de la Prusse, qui vient déjà de tirer des coups de fusil en Hollande. La fière Espagne, qui jadis armait l’invincible flotte, est inquiète du premier vaisseau anglais qui sort du port. L’Italie craint les lazzaroni et les esprits forts. Le Danemark est aux écoutes de la Suède, la Suède de la Russie. Les Tarlares, les Géorgiens, les Imarettes, les Abyssins, les Circassiens tuent des Russes. Le voyage de Crimée alarme et agace le Croissant, les Bachas d’Égypte et de Scutari sont en guerre avec les Turcs, qui de deux autres côtés, à mille lieues de distance, attaquent à la fois les deux plus vastes et puissants empires. On crie aux armes, j’y cours moi-même… Je ne cesse pas d’être observateur, et, quoique acteur de la scène qui se joue, je prends tout ce qui se passe et ce qui se fait autour de