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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

s’était rendue chez la comtesse de Thun, et l’on discutait vivement l’œuvre nouvelle, quand Haydn entra. Chacun donnait son avis à tort et à travers, et, tout en convenant que la musique portait le cachet du génie, on la déclarait obscure et incompréhensible dans certaines parties. Haydn fut pris pour juge : « Je ne suis pas en état de décider dans cette savante dispute, dit-il avec une humilité malicieuse ; tout ce que je sais, c’est que Mozart est le plus grand musicien qui existe. » Les concerts étaient magnifiques à Vienne et en grand nombre. L’empereur aimait avec passion la musique instrumentale. Les symphonies de Mozart et de Haydn[1] étaient exécutées avec une rare perfection par un excellent orchestre que dirigeait Salieri[2]. Ce fut également au printemps de 1787 qu’on donna pour la première fois les Sept Paroles d’Haydn, oratorio considéré comme son chef-d’œuvre.

  1. Mozart fut attaché en 1780 à la chapelle de l’empereur Joseph, qui l’aimait beaucoup, et, quoiqu’il n’en reçût qu’un traitement très modique, il refusa constamment les offres avantageuses qui lui furent faites par d’autres souverains, entre autres par le roi de Prusse. Haydn était également attaché à la chapelle de l’empereur.
  2. Salieri, maître de chapelle et directeur de la musique de chambre de l’empereur à Vienne.