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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

permettait à ces dames une franchise qui dépassait parfois les bornes du respect.

« Ce que j’ai entendu dire à Joseph par les dames de sa société est inconvenable, écrit le prince de Ligne. Une d’elle lui dit à propos d’un voleur qu’il avait fait pendre ce jour-là :

» — Comment Votre Majesté a-t-elle pu le condamner après avoir volé la Pologne ? »

C’était dans les temps du premier partage.

« — Ma mère, qui a toute votre confiance, Mesdames, répondit-il, et qui va à la messe tout autant de fois que vous, a très joliment pris son parti là-dessus. Je ne suis qué son premier sujet. » L’empereur aimait les confidences, il était discret et sûr, quoiqu’il se mêlât de tout. Ses manières étaient fort agréables, il avait du trait dans la conversation, beaucoup d’esprit naturel et racontait plaisamment. Voici une anecdote qu’il contait volontiers. Lorsque Marie-Thérèse se trouva poursuivie de si près par ses ennemis, qu’il lui restaità peine une ville en Allemagne dans laquelle elle pût faire ses couches, elle se retira à Presbourg et y fit assembler les États. Elle était jeune, belle, d’une fraîcheur éblouissante, elle parut ou milieu des paladins de Hongrie, vêtue d’un grand habit de deuil qui rehaussait encore