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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

Le prince de Ligne accueillait volontiers les jeunes écrivains belges et les aidait de toul son pouvoir. Heureux de profiter de l’hospitalité seigneuriale qu’il leur offrait si gracieusement, ils venaient à l’envie lui soumettre leurs essais. Il va sans dire qu’ils célébraient les beautés de Bel-Œil et de Baudour dans des vers qu’ont reproduits les recueils de ce temps.

Sans les événements politiques dont la Belgique devint le théâtre, il est probable que le prince eût fait école de littérature et de bon goût ; car il possédait un talent d’écrivain parfois de premier ordre. Les idées jaillissaient en abondance de son cerveau fécond et il les jetait sur le papier comme au hasard. Son style capricieux, incorrect, même obscur, est toujours vif et plein d’images ; le mot vient naturellement se placer sous sa plume ; les traits abondent, imprévus, incisifs et parfois du tour le plus hardi ; il tient la grammaire dans un profond mépris ; mais cette négligence même, ce laisser aller de grand seigneur donne à ses écrits une allure inimitable.

H possédait, en outre, toutes les qualités d’un excellent critique ; mais il faut reconnaître qu’il était d’une indulgence aveugle pour ses propres poésies. Doué par malheur d’une facilité déplo-