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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

vieux piqueur. Un jour, se fâchant contre tout plein de spectateurs, qui dérangeaient la chasse à force de courir dans toutes les allées de la forêt de Bel-Œil, il leur cria : « Allez à tous les diables !… Messieurs, s’il vous plaît ! » ajouta-t-il, en leur ôtant son chapeau.

L’homme le plus gai, le plus spirituel et le plus à la mode à la cour de Bruxelles, était à coup sûr le prince de Ligne père, qui s’y plaisait fort : « C’était, disait-il, une jolie cour, gaie, sûre, agréable, polissonne, buvante et chassante. » Toutefois le jour où le duc tenait l’appartement et invitait les dames, l’on ne se permettait qu’une gaieté inoffensive pour les plus sévères ; car le prince détestait la licence et le mauvais ton.

Le palais du prince Charles à Bruxelles était vaste et fort ancien. Bruxelles rappelait un peu Paris ; la ville offrait des ressources de tout genre. Le cours était la promenade favorite, on y voyait des équipages magnifiques. La carrosserie de Bruxelles jouissait d’une grande réputation, et le duc tenait beaucoup à ce que toute la noblesse en possédât les produits les plus élégants. Hélène fit son début au cours dans un superbe carrosse doré, de chez Simon ; tous les panneaux étaient en vernis Martin, de la plus grande beauté, peints avec beau-