Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

possédait alors, il se serait trouvé fort gêné sans l’application constante de la princesse à administrer leurs biens, et à équilibrer la dépense avec le revenu. Du reste, malgré le caractère un peu difficile de la princesse, la gaieté et l’inaltérable bonne humeur du prince rendaient cet intérieur délicieux ; il était, chose rare, aussi aimable chez lui qu’au dehors.

Hélène jouissait avec passion de sa vie nouvelle, elle avait hâte de goûter tous les plaisirs inconnus à une petite pensionnaire. Elle s’empressa d’apprendre à monter à cheval. Dès le matin, vêtue d’une élégante amazone qui dessinait bien sa taille souple et fine, on la voyait, suivie par son mari, s’élancer en selle légère comme l’oiseau, et heureuse comme lui de sa liberté ; puis, trois ou quatre fois dans la journée, avec une joie d’enfant, elle revêtait de nouveaux habits, sortant de chez Léonard ou mademoiselle Bertin ; on peut assurer qu’ils ne rappelaient en rien le petit uniforme noir du couvent. Dans toutes les fêtes qui se succédèrent en l’honneur de son mariage, elle plut infiniment par sa grâce et sa gaieté ; elle dansait de si bon cœur, elle jouait la comédie avec tant de verve et de naturel, elle chantait d’une voix si jeune et si fraîche, que son mari,