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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

vit cet exemple, et, durant la discussion de cette grave affaire, Joseph et Frédéric allèrent l’un en Silésie, et l’autre en Bohème prendre le commandement des armées considérables qu’ils avaient mises sur pied. Ils restèrent ainsi en présence pendant plusieurs mois. Marie-Thérèse, qui redoutait la guerre, négociait sous main pour l’empêcher. Joseph, au contraire, brûlant de se mesurer avec le grand Frédéric, y poussait de toutes ses forces[1].

L’armée autrichienne était séparée en deux corps, l’un commandé officiellement par l’empereur, mais en réalité par le maréchal de Lascy ; l’autre, par le maréchal Laudon, comprenait les Lycaniens ou Croates et les régiments de grenadiers d’élite qui avaient le prince de Ligne pour chef. Son quartier général était à Bezesnow, en Bohème. Son fils servait dans le corps du maréchal de Lascy, qui occupait une position formidable derrière les rives escarpées de l’Elbe ; de triples redoutes défendaient le passage de ce fleuve. C’est

  1. Bulhière, esprit passionné, mais fin observateur, disait de l’empereur Joseph : « La paix était un tourment pour lui, envahissement et conquête étaient le résultat de toutes ses méditations. Ces deux mots avaient fait la célébrité de Frédéric et c’était avec eux que Joseph voulait atteindre et même surpasser son rival. Cet homme fier éprouvait partout le supplice d’une inquiétude nerveuse et jalouse. »