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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

père avec une extrême sévérité : « Mon père ne m’aimait pas, dit-il ; je ne sais pourquoi, car nous ne nous connaissions point. Il ne me parlait jamais, ce n’était pas à la mode alors d’être bon père ni bon mari. Ma mère avait grand’peur de lui. Elle accoucha de moi en grand vertugadin et elle mourut de même, quelques semaines après, tant il aimait les cérémonies et l’air de dignité. » Sa carrière militaire fut brillante et son avancement rapide. À vingt ans, il fut nommé colonel du régiment des dragons de son père. Il lui écrivit aussitôt pour lui en faire part, et voici la réponse qu’il reçut :

« Il était déjà assez malheureux pour moi, Monsieur, de vous avoir pour fils, sans avoir encore le malheur de vous avoir pour mon colonel. »

Son fils lui répondit : « Monseigneur, l’un et l’autre ne sont pas ma faute, et c’est à l’empereur que Votre Altesse doit s’en prendre pour le second malheur. »

Le prince épousa, en 1755, la princesse de Lichtenstein[1], et, en septembre 1759, pendant qu’il était occupé à battre les Prussiens devant Meis-

  1. Françoise-Marie-Xavière de Lichtenstein, née le 25 novembre 1740, fille d’Emmanuel, prince de Lichtenstein, et de Marie-Antoine de Dietrichstein Waichseltadt.