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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

défendant lui porta un coup qui l’eût traversé de part en part sans le manchon protecteur ; le choc causé par cet obstacle fit tomber l’officier et les témoins eurent toutes les peines du monde à empêcher le prince de tuer son adversaire à terre.

Le prince de Salm avait une jolie figure, de l’aisance dans les manières, de la gaieté et de la souplesse dans l’esprit. Hélène ignorait les détails peu honorables de sa conduite privée ; elle voyait en lui un élégant cavalier, porteur d’un grand nom, et par-dessus tout un séjour assuré à Paris, dans le magnifique hôtel que les Salm avaient fait construire, quai d’Orsay[1].

Elle ne voulait point entendre parler du duc d’Elbœuf, malgré ses grandes espérances ; elle redoutait madame de Brionne comme belle-mère et se laissait sérieusement influencer par les amis du prince de Salm, qui ne négligeaient aucune occasion de monter l’imagination de la jeune fille. L’évêque, poussé par sa nièce, fit une réponse ambiguë, ajourna sa décision, parla d’un prochain voyage à Paris, enfin il ne cacha pas la candidature nouvelle du prince de Salm.

  1. Cet hôtel est actuellement le palais de la Légion d’henneur ; il fut construit par l’architecte Rousseau.