Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

arrêtées. Son père, le régent, protégeait fort les jansénistes, en haine du parti de la cour, qui appartenait à la secte opposée ; il avait probablement inculqué ses idées à sa fille et, soit par l’influence de son abbesse, soit par celle de ses directeurs, l’Abbaye-aux-Bois était devenue fervente janséniste. Ces dames exprimaient si haut leur croyance, que le couvent lut mis en interdit pendant les dernières années du gouvernement de madame de Richelieu. Cependant ces dames rentrèrent en grâce, et Mgr de Beaumont[1], ennemi déclaré des jansénistes, consentit à donner la confirmation aux jeunes pensionnaires de l’Abbaye-aux-Bois en 1777. Hélène donne un récit fidèle de cet événement qui mit en émoi le monastère et dont elle ne laisse pas échapper un détail malicieux.

« L’on me préparait alors pour ma confirmation, car je devais être confirmée à la Pentecôte.

  1. Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, pair de France, duc de Saint-Cloud (ce titre était attaché à celui d’archevêque de Paris). Son archevêché rapportait alors 180 000 livres par an ; il disposait de 492 cures. Ce prélat, dont l’attitude vis-à-vis des jansénistes était si dure et parfois si violente, était admirable dans la vie privée par la douceur et l’égalité de son caractère, et par sa libéralité sans bornes. Né le 26 juillet 1703, au château de la Roque, en Périgord, il mourut le 12 décembre 1781.