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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

donnerait pas sa voix. À deux ou trois reprises, on l’obligea à rentrer dans le monde en la renvoyant, dans sa famille, mais ce fut en vain. Enfin on décida un jour pour sa profession et l’on dit que, quoiqu’elle fût très malade et pût à peine se soutenir, elle voulait prononcer ses vœux.

» Le jour de sa profession, tous les Hautefort du monde remplissaient l’église, car elle était leur proche parente. Mademoiselle de Guignes portait son cierge et lui servait de marraine, le comte d’Hautefort fut son chevalier. Elle était d’une très jolie figure ; elle fut d’abord dans l’église du dehors sur un prie-Dieu, avec une robe de crêpe blanc brodée d’argent et couverte de diamants. Elle soutint fort bien le sermon que lui fit l’abbé de Marolle, où il lui disait que c’était un grand mérite aux yeux de Dieu de renoncer au monde quand on était faite pour y être adorée et pour en faire le charme et l’ornement. Il semblait qu’il se plût à lui peindre en beau tout ce qu’elle allait quitter ; mais elle fit bonne contenance.

» Après le sermon, le comte d’Hautefort lui donna la main et la conduisit à la porte de clôture. Dès qu’elle fut entrée on jeta la porte avec grand bruit sur elle et on mit les verrous avec fracas, car c’est une gentillesse qu’on ne manque jamais de