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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

folie, qu’il était gai et drôle, qu’on ne les avait jamais laissés seuls ensemble et que cependant il avait trouvé moyen de lui dire bien des choses, mais qu’elle se faisait scrupule de me les répéter. »

Il se passa un événement à ce moment-là qui impressionna fort les jeunes pensionnaires de l’Abbaye-aux-Bois. Elles étaient accoutumées à assister aux prises de voile assez fréquentes dans le couvent, cette cérémonie leur paraissait toute naturelle et ne leur inspirait pas de tristes réflexions. Cette fois-ci, il en fut autrement.

« Il y avait, depuis deux ans, au noviciat une jeune personne appelée mademoiselle de Rastignac, âgée de vingt ans. Elle paraissait plongée dans une mélancolie affreuse, était toujours malade et passait plus de temps à l’infirmerie qu’ailleurs. Elle avait déjà pris l’habit ; on avait décidé deux fois sa profession et elle avait toujours été remise à cause qu’elle tombait malade. Son directeur dom Thémines, insistait pour ajourner indéfiniment ses vœux et le bruit courait qu’on là faisait religieuse malgré elle ; nous en parlâmes une fois à madame de Rochechouart, elle nous dit qu’elle ne se mêlait point du tout des novices, mais que, si elle imaginait que ce fût contre son gré qu’on lui fit embrasser la vie monastique, elle ne lui