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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

passaient leur vie au parloir où elles recevaient la meilleure compagnie, et, ces demoiselles sortant beaucoup, on savait tout.

» Rarement on disait du mal du prochain et d’une manière bien moins précise chez madame de Rochechouart que dans toutes les autres sociétés de la maison. Cependant c’était la société qu’on craignait le plus, car l’on savait que tout ce qui y était avait de l’esprit et était supérieur au reste ; ainsi on la regardait comme un tribunal et on craignait d’y passer. Quand je revenais à la sacristie en sortant de chez madame de Rochechouart, madame Saint-Mathieu et madame Sainte-Ursule me disaient : « Eh bien, qu’est-ce que les merveilleuses ont dit de nous ? — Rien, Madame, » disais-je de bonne foi, « on n’en a point parlé. » Alors c’était des étonnements sans fin, car elles coulaient à fond tous les jours toute la maison sans se lasser.

» Je puis dire que madame de Rochechouart, sa sœur, madame de Saint-Sulpice et plusieurs autres dames de cette société avaient une indifférence qui allait jusqu’au mépris pour tout ce qui ne les intéressait pas particulièrement, elles étaient toujours les dernières à savoir les événements du couvent.