Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

seul, je me serais trouvée fort heureuse à l’abbatiale, où madame l’abbesse[1] régnait avec toute la douceur et la justice imaginables. Elle m’avait prise fort en gré, elle trouvait que je remplissais avec intelligence les commissions qu’elle me donnait. J’étais leste, quand elle sonnait j’arrivais toujours la première ; je connaissais ses livres, ses papiers, son ouvrage ; c’était toujours moi qu’elle envoyait chercher ce dont elle avait besoin dans son bureau, dans sa bibliothèque ou dans sa chiffonnière. »

Les compagnes d’Hélène à l’abbatiale étaient agréables, d’après le portrait qu’elle en a laissé.

« Mademoiselle de Châtillon, suraommée Tatillon, quatorze ans, grave, pédante, fort jolie mais un peu forte ;

» Madame d’Avaux, née de Bourbonne, douze ans, elle venait de se marier, fort petite, un joli visage, bête mais bonne enfant ;

» Mademoiselle de Mura, dite la précieuse, dix-huit ans, jolie, belle même, de l’esprit, aimable : mais un peu prétentieuse ;

  1. Marie-Magdeleine de Chabrillan. Elle avait été d’abord religieuse à l’abbaye de Chelles, puis abbesse du Parc-aux-Dames, enfin abbesse de l’abbaye royale de Notre-Dame-aux-Bois, où elle avait succédé à madame de Richelieu, sœur du célèbre maréchal.