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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

l’ambassadeur, séduite par la grâce de son esprit et les agréments de sa personne, se laissa entraîner dans une liaison qui dura autant que sa vie. Le récit naïf et malicieux de la petite princesse nous fait également toucher du doigt le point faible de cette éducation de couvent, si remarquable à beaucoup d’égards. Ces jeunes filles élevées en dehors d’un monde qu’elles brûlaient de connaître étaient destinées d’avance à en subir tous les entraînements ; comment des religieuses auraient-elles pu les prémunir contre des dangers qu’elles ignoraient elles-mêmes ? Une mère seule doit jouer ce rôle-là, et, si le couvent peut former le caractère, les manières, orner l’esprit, perfectionner les talents, c’est à la famille qu’est réservé de produire la femme, dans la haute et saine acception du mot.

Mais revenons à Hélène, qui se préparait à sa première communion ainsi que ses amies, mesdemoiselles de Mortemart, de Châtillon, de Damas, de Monsauge, de Conflans, de Vaudreuil[1] et de

  1. Mesdemoiselles de Conflans et de Vaudreuil étaient sœurs. Mademoiselle de Conflans était jolie, avec beaucoup d’esprit et de trait. Elle épousa le marquis de Coigny. Sa sœur avait moins d’esprit et de beauté, mais cherchait à l’imiter en tout (Note d’Hélène).