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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

de ce qu’elle dirait. Tout d’un coup la petile de Lastic[1] et la petite de Saint-Simon se mirent à se disputer et finirent par se battre comme des plâtres ; madame Saint-Jérôme fut à elles pour les séparer, et, sans savoir qui avait tort ou raison, elle prit mademoiselle de Lastic par le bras et voulut la faire mettre à genoux. Mademoiselle de Lastic lui dit : « Madame, je vous assure que ce » n’est pas moi qui ai commencé. » Là-dessus madame Saint-Jérôme se mit dans une colère affreuse, prit mademoiselle de Lastic par le cou et la jeta si violemment à terre, qu’elle tomba sur le nez, qui saigna. Quand nous vîmes le sang, nous nous rassemblâmes autour d’elle et jurâmes que non seulement nous ne la laisserions pas mettre en pénitence, mais que nous allions jeter madame Saint-Jérôme par la fenêtre parce qu’elle avait assassiné une de nous. Madame Saint-Jérôme fut si effrayée d’entendre les cris et la rumeur qui régnaient dans la classe, qu’elle perdit la tête. Elle craignit que, les esprits étant aussi animés, on ne se portât à quelque violence contre elle. Elle prit donc le parti de la retraite, en disant qu’elle allait se plaindre à madame de Rochechouart. Elle

  1. Sa mère, la comlesse de Lastic, était dame pour accompagner Mesdames de France.