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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Les chemins, des plus négligés dans ces provinces, n’étaient guère que des sentiers tortueux que le hasard semblait avoir frayés au milieu des forêts ; souvent ils avaient si peu de largeur qu’à peine une voiture pouvait y passer. Dans quelques endroits, ils étaient embarrassés de troncs d’arbres, de racines ou de sables si profonds que huit chevaux avaient peine à en tirer le voyageur.

Les ponts étaient si délabrés, si peu solides, qu’ils semblaient hors de service et l’on s’estimait fort heureux de les passer sans accident[1].


HÈLÈNE AU COMTE VINCENT


« Grodno, 8 novembre.


» Je souffre, mon cher Vincent, l’impossible, tant des peines du corps que de celles du cœur. J’ai passé ma soirée à composer mon mémoire

  1. Les paysans lithuanions étaient plus pauvres que ceux de l’Ukraine et infiniment moins industrieux. Il n’y avait point de fer dans leurs chariots, les traits de leurs chevaux étaient faits d’écorce d’arbre. Ils ne connaissaient pas d’autre instrument que la hache pour construire leurs meubles, leurs huttes et leurs chariots. Leur vêtement consistait en une chemise de toile grossière, des caleçons pareils, une sorte de justaucorps d’étoffe de laine, un manteau de peau de mouton et des souliers d’écorce d’arbre.