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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

canon approchait : quand on attaqua Montrouge, je voyais la fumée de chaque coup. Cependant j’eus la curiosité de sortir et d’aller sur le boulevard où l’affluence était prodigieuse. Bientôt nous vîmes des officiers blessés qu’on rapportait, quelques-uns mourants ; ils passaient à côté de nous, puis soldats, chariots de munitions, vivandières se précipitèrent en fuyant. Il tomba quelques boulets, un dans le jardin de l’hôtel de Gontaut, un rue Saint-Lazare, mais très peu (car nous apprîmes depuis que l’empereur Alexandre et le roi de Prusse, qui y étaient en personne, envoyaient à tout moment aux diverses attaques, des défenses sévères de tirer sur la ville). Cependant un biscaïen qui tomba et tua une femme à quelques pas de moi sur le boulevard, fit que les hommes qui étaient avec nous m’engagèrent à rentrer. Je remontai dans mon grenier : Montrouge était pris, et l’on attaquait Montmartre. Je vis tout le combat : les Français étaient en haut et les ennemis de l’autre côté de la montagne, le feu était continuel, la fumée empêchait de bien distinguer l’action, on ne voyait que le feu. Bientôt le bruit du canon cessa et nous entendîmes une fusillade très vive, les ennemis étaient en haut de la butte et l’on se battit bientôt à la baïonnette. Alors nous