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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

caractère et n’inspirerait pas ce qu’il doit et probablement ce qu’il veut inspirer. Son teint n’est pas noir, il est plombé, il marque les veilles, les soucis que donnent un empire immense et des projets dont lui seul peut-être connaît l’étendue ; très assurément un coloris rose et blanc détruirait l’effet de sa figure et lui irait bien mal. Enfin je lui conseille de se montrer, il ne peut pas y perdre.

» J’arrivai de bonne heure à Notre-Dame. Ainsi je vis arriver le Sénat, costume gros bleu et or, riche et noble ; le Corps législatif, costume sombre, et le Tribunat qui y a fait sa triste et dernière figure, car il est aboli et rentre dans le néant dont il n’aurait jamais dû sortir.

« Le cardinal-archevêque de Paris, chargé du poids de son siècle, qui, je crois, pèse plus que tous les autres, fut recevoir l’empereur à la tête de son clergé. On portait un dais. L’empereur arrive avec huit chevaux isabelle dont la tête est couverte de plumes et, par un singulier hasard, les portes de l’église étant ouvertes, par la travée au-dessus de l’autel je vois le cortège, ne croyant être venue que pour voir la cérémonie et me désolant de ne pouvoir me partager en deux pour voir l’un et l’autre. L’empereur se mit donc