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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

mettre à cet ordre cruel par le froid rigoureux. Des femmes légèrement chaussées étaient obligées de descendre dans la neige, et il ne s’agissait rien moins que du knout ou de l’exil en Sibérie si l’on n’obéissait pas. Peu à peu, cette conduite arbitraire eb oppressive fit trembler tout le monde et les revirements soudains de sa politique, en portant une sérieuse atteinte aux affaires, mécontentèrent profondément la nation.

Il suivit tout d’abord la politique de sa mère vis-à-vis des émigrés et de la Révolution française et envoya les subsides nécessaires à Souwaroff pour qu’il pût continuer la campagne qui se présentait sous des auspices favorables pour l’armée austro-russe.

Le 27 mars 1799 Souwaroff remportait à Cassano une victoire sur l’armée française et entrait le lendemain à Milan ; le 15 août l’armée austro-russe gagnait de nouveau la bataille de Novi et Souwaroff quittant l’Italie se préparait à franchir le Saint-Gothard pour pénétrer en Suisse et y déloger les Français des postes qu’ils occupaient au sommet de la montagne. L’armée russe, épuisée de lassitude et de faim, regardait avec effroi les cimes couvertes de neige qu’il fallait atteindre ; elle murmurait et refusait d’aller plus