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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.


1792.


» Monsieur le prince de Ligne, parmi tant de malheurs divers qu’a amenés cet été ou plutôt cette année, un de ceux qui m’a causé le plus de peine, qui n’a serré le cœur doublement, triplement, c’est la perte que vous pleurez. Si par la part que je prends à ce triste événement vous pouvez être soulagé, soyez assuré que mes regrets égalent l’estime que les qualités et les actions de valeur du prince Charles, votre digne fils, m’avaient inspirée.

» Sa patrie doit en ce moment regretter en lui un de ses défenseurs. Cette pauvre Allemagne a un plus grand besoin que celui de négociateurs peureux et astucieux, c’est celui de héros fermes et inébranlables dans leurs principes. D’ailleurs elle court risque d’être engloutie dans un volcan nouveau de maux incalculables.

» Ce qui m’étonne, c’est que les pluies, les bourbes, les disettes de vivres n’empêchent point que Custine, Dumouriez, Montesquiou et Séquelle n’aillent en avant : d’où vient qu’il pleut pour les uns et qu’il ne pleut pas sur les autres ? Pourquoi ne s’embourbe-t-on pas des deux côtés ? L’herbe et les grains croissent-ils sur les pas des