Page:Pere De Smet.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

auprès des Indiens, mais encore auprès des protestants. Ayant déjà fait un an de théologie sous la direction du P. Van Quickenborne, Pierre De Smet ne suivit que deux ans les leçons du P. de Theux. À Florissant, comme à Malines, il se fit remarquer par la solidité de son esprit et la sûreté de son jugement.

De là, sans doute, la confiance que lui témoigna son maître. « Pendant plusieurs années, écrira-t-il plus tard, j’ai eu le bonheur de vivre avec le P. de Theux dans une pauvre petite cabane en bois. À sa demande expresse, je lui servais d’« admoniteur ». Il fut convenu qu’il se présenterait à moi deux fois la semaine, pour s’enquérir des fautes et des défauts que j’aurais pu observer en lui. Il me priait de ne point l’épargner, de n’user envers lui d’aucune considération. Il me promettait la plus vive reconnaissance et m’assurait qu’il prierait souvent pour moi. J’eus beau l’observer de près dans l’accomplissement de ses devoirs spirituels, dans sa classe de théologie, à table, en récréation : je ne découvris rien. Comme il semblait parfois un peu triste de ce que je ne le corrigeais pas, j’eus l’idée, pour le tranquilliser, de relever de pures bagatelles, des riens. Plus j’en avais à lui dire, plus il me remerciait, et plus aussi, sans doute, il priait Dieu pour moi ».[1]

Mille désagréments concouraient à rendre l’étude pénible aux scolastiques. Pierre De Smet en prend gaîment son parti. « Grâce à Dieu, écrit-il, je me porte à merveille. J’ai eu à souffrir de la chaleur, il est vrai ; mais nous avons d’autres avantages dont, j’en suis sûr, vous ne jouissez pas. En Flandre, on a dû me saigner plusieurs

  1. Lettres choisies, 3e série, p. 191.