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providence pour les autres, comme Dieu l’est pour nous ».[1]

Grâce à cette héroïque charité, les missionnaires purent surmonter la crise du début. Bientôt même le P. Van Quickenborne entreprit d’agrandir la maison. Il devait ajouter une seconde aile au bâtiment principal ; le tout serait exhaussé d’un étage et entouré d’une galerie. Le 31 juillet, fête de saint Ignace fut le jour choisi pour le commencement des travaux.

On n’avait d’autres pierres que celles qu’on tirait du lit rocailleux d’une rivière, mais la forêt offrait du bois en abondance. Les plus beaux arbres se trouvaient dans un îlot du Missouri, peu éloigné du noviciat. On avait toute liberté d’abattre. Le P. Van Quickenborne et ses novices se mirent vigoureusement à l’œuvre, et bientôt le sol fut jonché de chênes séculaires.

Pour faciliter le transport, on décida de préparer sur place les pièces de bois destinées à la construction. Ce travail donna lieu à un accident qui révéla, une fois de plus, l’énergie du P. Van Quickenborne.

Il travaillait un jour, aidé d’un novice, à l’équarrissage d’une poutre. Peu habitué au métier, le novice maniait sa hache avec un entrain dont il était loin de prévoir tous les effets. Au plus fort de l’opération, l’outil, mal dirigé, va frapper au pied le P. Supérieur. De sa blessure, le sang jaillit en abondance. Il n’en continue pas moins son travail, jusqu’au moment où il se sent défaillir. Alors seulement il s’assied, et permet qu’on bande la plaie avec un mouchoir. On était à une lieue de la ferme. Le Père veut y retourner à pied ; mais, en chemin, la violence du mal le contraint à accepter un cheval.

  1. Mgr Baunard, Histoire de Mme Duchesne, p. 303.