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Une foi si magnanime ne pouvait être déçue. Mgr Dubourg reçut de la Propagation de la Foi des secours sur lesquels il se hâta de prélever la part des missionnaires. Mais Dieu leur avait ménagé une plus utile assistance.

Les Dames du Sacré-Cœur étaient, depuis trois ans, établies à Florissant. La supérieure était Mme Duchesne, que sa vertu et ses fondations devaient rendre célèbre. Pauvres elles-mêmes, et sans appui humain, ces religieuses opéraient des merveilles de charité. Elles dirigeaient un petit pensionnat, et avaient même reçu quelques novices.

L’arrivée des Pères fut l’occasion de nouveaux dévouements.

« Comprenant qu’une mission lui était donnée, Mme Duchesne multiplia ses ressources pour les nouveaux venus. Non contente de se faire quêteuse auprès des riches familles de Saint-Louis, elle se dépouilla elle-même de tout ce qu’elle avait, meubles, ustensiles, linge, couvertures et denrées les plus indispensables. À chaque nouveau besoin qui lui était révélé, elle réunissait ses sœurs, disait ce qu’elle avait plutôt deviné qu’appris, car on ne lui demandait rien ; puis elle laissait ses larmes plaider pour elle la cause de ses protégés. La décision du petit conseil était invariablement qu’il fallait s’imposer de nouveaux sacrifices. Une partie des nuits était consacrée à la confection ou à la réparation d’habits à l’usage des missionnaires. Un jour, la supérieure ayant reçu pour elle une aumône de cinquante piastres, n’eut rien de plus pressé que de les envoyer à ses pauvres voisins. « Il est juste, écrivait-elle à Mme Barat, que nous soyons un peu