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pris à Whitemarsh une voiture légère destinée à ceux qui, par suite d’indisposition ou de fatigue, seraient incapables de faire la route à pied.

Au moment où ils partaient, dans ce modeste équipage, pour ouvrir, à cinq cents lieues de là, une mission chez les sauvages, nos jeunes gens ne se doutaient pas qu’ils allaient fonder, au centre des États-Unis, une nouvelle province de la Compagnie de Jésus, que bientôt ils dirigeraient, à Saint-Louis, une université florissante, qu’ils posséderaient de nombreux collèges, et que leurs missions s’étendraient depuis le golfe du Mexique jusqu’aux Grands-Lacs du Canada et aux rivages du Pacifique. Le 14 avril, on quitta Baltimore. Il s’agissait de franchir les monts Alleghanys,

Les novices, avec les Frères coadjuteurs, prirent les devants. Ils allaient à pied et la bâton à la main. Le plus, souvent, ils préparaient eux-mêmes leurs repas. La nuit venue, ils cherchaient un abri dans les dépendances de quelque ferme ou dans quelque maison abandonnée. « Les catholiques, alors privés de prêtres, écrit le P. De Smet dans son Itinéraire, voulaient partout nous retenir parmi eux. Les protestants, en général, nous regardaient comme de jeunes aventuriers qui cherchaient fortune, et nous faisaient des offres avantageuses pour nous établir dans leur voisinage ».

Ce genre de vie ne faisait pas négliger aux novices leur formation ascétique. Arrivés à Conewago deux jours avant le P. Van Quickenborne et le P. Timmermans, ils employèrent ce temps à transcrire les instructions du P. Plowden sur la perfection religieuse,[1] travail qu’ils

  1. F. Percy Plowden (1672-1745), Practical Methods of performing the ordinary actions of a religious life with fervour of spirit. London, 1718.