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de Jésus un véritable culte.[1] Nous lui devons un des plus précieux souvenirs du P. De Smet, le Linton Album. C’est un volume richement relié, orné de photographies et de dessins, où le missionnaire a écrit, année par année, son itinéraire.[2]

Au retour de chaque voyage, celui-ci trouvait ouvert sur sa table le livre de son ami. Alors il prenait la plume, et, de sa nette et ferme écriture, ajoutait une page au récit de ses expéditions. Peut-être éprouvait-il quelque complaisance à faire la somme des milles parcourus. De 1821 à 1872, la distance s’élève à environ 87 000 lieues, soit près de neuf fois le tour du globe.[3] Bien des voyageurs ont, à moins de frais, acquis la célébrité.

Grâce à ses hautes relations, le P. De Smet eût pu servir des ambitions personnelles. Jamais il n’usa de son crédit qu’en faveur des Indiens ; jamais il ne sacrifia

  1. « Ad majorem Dei gloriam ! Qui a trouvé cette devise ? J’aimerais à le connaître. Rien de plus sublime que ces quatre mots ; rien de plus profond dans le langage humain. Ils embrassent le ciel et la terre ; ils s’adressent aux hiérarchies les plus augustes qui entourent le trône de Dieu, comme aux plus humbles habitants de ce bas monde ; ils renferment ce qu’il y a de plus élevé dans l’éloquence et dans la poésie ; ils signifient ce qu’il y a de plus saint, de plus digne et de meilleur dans l’éternité aussi bien que dans le temps ». (Extrait d’une lettre d’adieu adressée par le Dr Linton aux jésuites de Saint-Louis, quinze jours avant sa mort. Cf. W. Hill, Historical Sketch of the Saint-Louis University, p. 112).
  2. Le Linton Album appartient aujourd’hui à l’université de Saint-Louis.
  3. Exactement 260 929 milles. — Il est possible que ce chiffre soit quelque peu exagéré. Le P. De Smet fut souvent réduit, au moins dans ses premiers voyages, à mesurer les distances au juger.