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— Robe-Noire, disent-ils, il vous en coûtera la chevelure. Le missionnaire répond simplement :

— Devant l’image de la Sainte Vierge, mère et protectrice de toutes les nations, six lampes brûlent nuit et jour, toute la durée de mon voyage. Plus de mille enfants, devant ces lampes allumées, implorent pour moi la protection d’en haut. En toute confiance, je m’abandonne à Dieu.

Alors les sauvages de lever les mains au ciel, en s’écriant :

— Oh ! que c’est beau ! Nous voulons vous accompagner. Quand partons-nous ?

— Demain, au lever du soleil. Le P. De Smet accepta seulement une escorte de quatre-vingts hommes. Comme interprète, il choisit un ancien trappeur, M. Galpin, qui, depuis trente ans, vivait parmi les Sioux.

Le moment du départ fut solennel. Entouré des chefs indiens, des soldats et des officiers du fort, le Père mit son voyage sous la garde du Grand-Esprit ; puis il se recommanda aux prières de ses amis. Beaucoup s’attendaient à ne plus le revoir.

Les sauvages qu’il voulait réconcilier avec les Blancs abritaient leurs rancunes de l’autre côté des Mauvaises-Terres, immense et stérile plateau, sillonné de larges ondulations. Au nombre de quatre ou cinq mille, ils rôdaient fiévreusement, avec l’inquiétude et la mobilité des bêtes fauves. Tous étaient païens ; ils ne connaissaient la religion catholique que par le prestige qui entourait la robe-noire.