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je suis honteux de mettre le pied dans la loge d’un Blanc, ou de recevoir sa visite. Les soldats, eux aussi, se sont mal conduits au milieu de nous. Si le Grand-Père veut nous débarrasser de ses soldats, et nous laisser seulement les marchands dont nous avons besoin, nous serons heureux, et le climat redeviendra bon. Il faut aussi qu’il renonce à tous les chemins de fer que ses gens ont construits sur mon territoire. Ce pays est le mien ; il ne vous appartient pas, et nous ne voulons aucunement vous en faire l’abandon. Nous ne voulons pas habiter les terres que vous nous proposez ; nous voulons demeurer ici. Mes guerriers et moi, nous aimons mieux nous battre et mourir en défendant ce qui est à nous, que de quitter notre pays pour ensuite mourir de faim. Nous jurons de scalper autant de têtes que nous pourrons, si le Grand-Père ne retire pas ses soldats et ne nous rend pas nos terres. J’ai dit.[1]

À ce fier défi, le général Sully répond que les soldats ont été attirés dans la région par les massacres du Minnesota et du Haut-Missouri.

— Si ces massacres continuent, dit-il, le nombre des soldats sera décuplé ; ils couvriront le pays comme les sauterelles couvrent la terre. Qu’on enfouisse le casse-tête, et les soldats regagneront la contrée d’où ils sont venus.

Une telle réplique n’était point pour assurer la paix. D’ailleurs, même après le départ des soldats, les Indiens ne seront-ils pas toujours opprimés par les agents ? Ceux-ci n’échapperont-ils pas toujours à l’action du gouvernement ?

  1. Ce discours est celui du Bouclier-de-Fer, chef des Minneconjous. Nous l’avons cité d’après la version anglaise envoyée à Washington et publiée par les journaux.