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Rangés en cercle, les guerriers écoutent en silence. Alors un des chefs se lève et va se placer en face des commissaires. C’est un homme de haute taille, au fier regard, à la démarche grave, la tête ornée de plumes d’aigle, les pieds chaussés de riches mocassins. D’un geste rapide, il rejette en arrière la couverture de laine rouge qui lui sert de manteau, puis, levant la main, réclame l’attention.

— Quand le Grand-Père, dit-il, envoie dans mon pays des hommes honnêtes, j’aime à m’entretenir avec eux. Parmi vous, il est quelqu’un que je connais ; c’est un homme de Dieu ; mon peuple et moi nous l’aimons.

» Vous me dites que le Grand-Père aime ses enfants les Peaux-Rouges, qu’il veut être juste à leur égard et les rendre heureux. Jadis, nous étions tous heureux, parce que les Blancs qui venaient nous parler et tenir conseil avec nous ne nous trompaient point. Si réellement le Grand-Père nous aime tendrement, pourquoi nous a-t-il ensuite député des gens qui nous ont menti ?… Depuis que ces hommes sont venus parmi nous, tout est changé ; plus rien n’est bon, ni prospère ; le climat même, qui auparavant était agréable, est devenu mauvais…

» Nous n’allons jamais porter le trouble sur vos terres, et vous venez toujours sur les nôtres pour y semer le malheur. Pourquoi faites-vous cela ?… Vous avez construit quatre routes à travers mon pays, et fait fuir tous les animaux. Vous me refusez la poudre et le plomb. Pourquoi ?…Le gibier est devenu si rare, que je ne puis plus l’atteindre avec mon arc et mes flèches. Encore une fois, il me faut de la poudre et du plomb.

» Nous ne pouvons pas vivre en contact avec vous. Depuis que les Blancs viennent ici pour nous tromper,