Page:Pere De Smet.djvu/492

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le 24 mai, fête de Notre-Dame Auxiliatrice, il dresse en pleine campagne un autel rustique ; puis, sous l’azur du ciel, entouré de néophytes, il offre le saint sacrifice. À perte de vue, les marguerites, les renoncules, mille autres fleurs charmantes, étoilent la prairie. Avec une piété naïve, le vieux missionnaire invite ses jeunes amis d’Europe « à venir, sur ces vastes plateaux, cueillir de riches bouquets pour orner les autels de l’Illustre Vierge, l’Immaculée, la Reine du ciel ».[1]

Mais le soin des âmes ne le détourne pas de l’objet plus profane de sa mission. Les peuplades qu’il rencontre le long du fleuve n’ont pas encore pris les armes ; toutefois, la révolte est imminente. De concert avec Pananniapapi, il s’efforce de maintenir les bons rapports avec les Blancs. Ceux-ci, il est vrai, ont commis à l’égard des Indiens de criantes injustices ; mais les tribus sont incapables de résister longtemps à l’armée des États-Unis. Plutôt que de faire cause commune avec les bandes hostiles, ne vaut-il pas mieux s’assurer la protection du gouvernement ? Celui-ci, d’ailleurs, s’engage à faire droit à de justes revendications.

Partout le P. De Smet reçoit la même réponse :

— Souvent nous arrivent des commissaires et des agents du gouvernement. Ils sont affables, prodigues de discours et de promesses. Pourquoi tant de belles paroles n’aboutissent-elles à rien, absolument à rien ? Et les Indiens énumèrent les méfaits dont ils sont victimes.

— Pourtant, disent-ils, nous voulons encore espérer que nos plaintes arriveront à l’oreille de notre Grand-

  1. Lettre à Émile de Meren. — Saint-Louis, octobre 1867.