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mon âge, car chacun me le dit, et je fais rire les autres quand je veux leur assurer que ma fin est proche ».[1]

Cependant la guerre contre les tribus révoltées durait toujours.

Tandis que le P. De Smet, au prix d’incroyables fatigues, travaillait à maintenir ou à ramener la paix, les Américains semblaient prendre plaisir à ruiner son œuvre. Les soldats, aussi bien que les colons, ne cessaient d’exaspérer les Indiens.[2]

En novembre 1864, s’était passé, dans le Colorado, un fait d’une révoltante barbarie.

Six cents Cheyennes, après avoir refusé de se joindre aux révoltés, s’étaient réfugiés près du fort Lyon, réclamant la protection des Blancs. Arrive le colonel Chivington, ancien ministre méthodiste, parcourant le pays à la tête d’un millier d’hommes, pour donner la chasse aux Indiens. Malgré leurs démonstrations d’amitié, les Cheyennes sont massacrés. Non contents de tuer, les soldats font subir à leurs victimes les derniers outrages.

  1. À Paul De Smet. — 26 novembre 1866.
  2. Les tribus voisines du fort Berthold étaient, nous l’avons vu, restées amies des Blancs. Pour les protéger contre les bandes hostiles, le gouvernement leur avait accordé des troupes ; mais celles-ci pouvaient impunément se livrer à la brutalité et au libertinage. « Tout l’hiver, écrit le P. De Smet, les Indiens ont été le jouet d’un capitaine qui semblait prendre à tâche de les tourmenter. Lorsque les femmes, avec leurs enfants affamés, s’approchaient du fort pour ramasser les restes dégoûtants de la cuisine des soldats, on les chassait sans pitié, en jetant de l’eau bouillante sur leurs corps amaigris et couverts de haillons ». (À Ch. De Coster. — Saint-Louis, septembre 1867).
    Quelques mois plus tard, un détachement militaire, sous les ordres du major général Hancock, sans aucune provocation connue, brûlait trois cents loges de Sioux amis, avec toutes leurs provisions, leurs vêtements, leurs ustensiles ; le tout représentant une valeur de 100 000 dollars. (Rapport du Bureau Indien à la Chambre des Représentants. — Juin 1867).