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aux missions les secours qu’il avait rapportés d’Europe. Le 9 avril 1866, il quittait Saint-Louis pour remonter le Missouri jusqu’au fort Benton, poste le plus rapproché des missions des Montagnes.

C’était un nouveau voyage de mille lieues, à travers un pays soulevé contre les Blancs. Avec son habituelle confiance, le missionnaire s’était mis sous la protection de la Sainte Vierge, demandant que, jusqu’à son retour, une lampe brûlât, jour et nuit, devant son image.

Le dégel avait amené une crue subite du fleuve. D’énormes glaçons mettaient en pièces les bateaux, déracinaient les arbres, emportaient les maisons. Pour lutter contre le courant, il fallut recourir au cabestan. Dans une manœuvre, le câble se brisa, et le steamer, descendant à la dérive, fut jeté contre un rocher. Une large voie d’eau se déclara. Mais bientôt, grâce aux efforts de l’équipage, on put se dégager et reprendre le large.

En entrant chez les Sioux, le bateau fut mis en état de défense. On monta le canon en proue ; fusils, carabines et pistolets furent examinés et chargés. Chaque nuit, des sentinelles firent le guet. Précautions inutiles : l’ennemi ne parut pas. « Nos armes, écrit le P. De Smet, n’ont servi qu’à tuer les timides animaux du désert, pour être ensuite dépecés, et passer de la cuisine sur notre table, toujours abondamment pourvue ».[1]

La protection du ciel est évidente. « Nous avons dépassé treize bateaux qui avaient de dix à quinze jours d’avance sur nous. Nous avons été portés comme sur les ailes des anges ».[2]

Quelque chose pourtant manque au voyageur. Loin de

  1. Lettres choisies, 3e série, p. 356.
  2. Ibidem, p . 354.