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d’affection, et lui accorda, pour ses missions, de précieuses faveurs.

De retour en Belgique, il donna à peine quelques jours à sa famille, et commença, au cœur de l’hiver, sa rude besogne de quêteur. Plus d’une fois, la maladie le força d’interrompre ses courses. Il n’en parcourut pas moins, outre la Belgique, la Hollande, le Luxembourg, l’Angleterre et l’Irlande. La vue de ce vieillard, venu de si loin pour tendre la main, faisait une profonde impression ; les aumônes affluaient ; de nombreux jeunes gens se sentaient appelés à l’apostolat.

Un tel dévouement forçait l’admiration même des incrédules. Un ministre de Léopold Ier, Charles Rogier, personnage assez peu clérical, professait pour le P. De Smet une singulière estime. Il l’invitait à sa table, et l’écoutait volontiers parler religion ; il s’étonnait seulement qu’un homme eût accompli de si longs voyages, et se fût donné tant de peine, pour ce qu’il appelait le salut des âmes.

— Si vous appreniez, lui dit-il un jour, que je suis au lit de mort, et que je réclame votre ministère, traverseriez-vous pour cela l’Océan ?

— Je n’hésiterais pas un instant, répondit le religieux. Sur quoi Rogier se jeta à son cou, et l’embrassa devant tous les convives.

Quelques années plus tard, se sentant mourir, l’homme d’État devait, en effet, appeler un jésuite[1] et se réconcilier avec Dieu. Il s’était d’ailleurs honoré lui-même en faisant nommer le P. De Smet chevalier de l’ordre de Léopold.[2]

  1. Le P. Delcourt.
  2. L’arrêté royal est daté du 18 juin 1865.