jésuite, le P. Marquette, visitant le premier la vallée du Mississipi.[1]
Profitant des arrêts forcés du bateau, notre missionnaire parcourt les prairies et les forêts environnantes. Quelques Indiens le reconnaissent. Jadis, il les a faits chrétiens ; aujourd’hui, ils lui demandent de bénir leur mariage et de baptiser leurs enfants.
Parfois, il rencontre un Canadien catholique, dont l’instruction est des plus sommaires. Qu’on en juge :
« J’essayai de donner à un de ces hommes quelques avis dont il avait sans doute grand besoin. Je lui recommandai de se tenir toujours prêt à recevoir la visite de Dieu. Il peut venir la nuit, lorsqu’on y pense le moins» Quel malheur ce serait de paraître devant son Juge, sans y être préparé !
» Évidemment mon Canadien n’avait rien compris à ma petite harangue, et ne rêvait que rencontres avec les Sioux.
— Père, répondit-il, c’est comme vous dites ; ils arrivent à l’improviste, et vous flanquent une ou deux balles, avec quelques flèches, dans le corps. Quant à moi, je ne suis pas préparé du tout, car je suis pauvre, et n’ai rien pour me défendre. Aujourd’hui, j’aurai meilleure chance. J’ai vendu mon bois au bateau ; j’achèterai de la poudre et des balles. Qu’ils viennent alors, ces diables de Sioux, et ils me trouveront prêt à les recevoir »[2] !
Les Sioux continuaient, en effet, à répandre la terreur