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jésuite, le P. Marquette, visitant le premier la vallée du Mississipi.[1]

Profitant des arrêts forcés du bateau, notre missionnaire parcourt les prairies et les forêts environnantes. Quelques Indiens le reconnaissent. Jadis, il les a faits chrétiens ; aujourd’hui, ils lui demandent de bénir leur mariage et de baptiser leurs enfants.

Parfois, il rencontre un Canadien catholique, dont l’instruction est des plus sommaires. Qu’on en juge :

« J’essayai de donner à un de ces hommes quelques avis dont il avait sans doute grand besoin. Je lui recommandai de se tenir toujours prêt à recevoir la visite de Dieu. Il peut venir la nuit, lorsqu’on y pense le moins» Quel malheur ce serait de paraître devant son Juge, sans y être préparé !

» Évidemment mon Canadien n’avait rien compris à ma petite harangue, et ne rêvait que rencontres avec les Sioux.

— Père, répondit-il, c’est comme vous dites ; ils arrivent à l’improviste, et vous flanquent une ou deux balles, avec quelques flèches, dans le corps. Quant à moi, je ne suis pas préparé du tout, car je suis pauvre, et n’ai rien pour me défendre. Aujourd’hui, j’aurai meilleure chance. J’ai vendu mon bois au bateau ; j’achèterai de la poudre et des balles. Qu’ils viennent alors, ces diables de Sioux, et ils me trouveront prêt à les recevoir »[2] !

Les Sioux continuaient, en effet, à répandre la terreur

  1. J.- G. Shea, Discovery and Exploration of the Mississipi Valley. New- York, 1852 ; p. 231 -257 . — Alfred Hamy, Au Mississipi. La première exploration (1673). Paris, 1903 ; p. 222- 255.
  2. Lettres choisies, 3e série, p. 200.