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on s’en souvient, garanti aux tribus siouses la tranquille possession de leur territoire, à charge seulement d’y laisser ouvrir des routes et maintenir quelques garnisons. Comme indemnité, les États-Unis s’engageaient à payer aux Indiens, pendant cinquante ans, une annuité de 50 000 dollars. Le Sénat, sans même avertir les intéressés, changea les dispositions du traité, " et limita à quinze ans le paiement de la somme annuelle.[1]

En même temps, les Blancs, qui s’étaient rapidement multipliés dans les États de l’Ouest, commencèrent à envahir les solitudes vierges du Centre. Les uns s’emparaient des terres favorables à la culture ; d’autres, flairant des trésors cachés, parcouraient le pays à la recherche de métaux précieux. Des villes se fondaient ; on perçait de larges routes ; le chemin de fer du Pacifique allait traverser le continent. La région du Haut-Missouri était englobée dans la République, et formait les territoires de Dakota, de Wyoming et de Montana.

Les Sioux suivaient, la rage au cœur, le progrès de la colonisation. De jour en jour, leurs plaintes devenaient plus amères :

— Ni le buffle, ni l’antilope ne peuvent vivre sur le sol qui a été foulé par l’homme blanc. N’attendons pas que les Faces-Pâles aient chassé des plaines le gibier qui nourrit nos familles ; défendons le désert : c’est notre bien, c’est notre vie !

Lorsqu’éclata la guerre de Sécession, les Indiens crurent le moment venu de repousser l’invasion. Ils étaient d’ailleurs appuyés par l’Angleterre, qui leur faisait passer des armes par les métis canadiens établis sur

  1. Helen Jackson, A Century of Dishonor, p. 75.