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« L’arbre que l’on transplante continuellement dépérit vite », dit un proverbe indien. Si, à l’envahissement progressif du territoire, on ajoute les moyens de destruction indiqués plus haut, on comprendra qu’en dix ans, de 1850 à 1860, le nombre des Indiens, aux États-Unis, soit tombé de 400 000 à 300 000. Rien de pareil ne s’était vu antérieurement.

Témoin des faits qui avaient rempli ces tristes années, le P. De Smet écrivait en 1862 : « Le ciel réglera les comptes d’un pays qui peut permettre tant d’atrocités ».[1] Puis, faisant allusion à la terrible crise que traversaient alors les États-Unis, il ajoutait : « La guerre civile est, à mes yeux, un vrai châtiment ; et l’on fait bien peu, hélas 1 pour se réconcilier avec le ciel ».[2] Bientôt une autre guerre allait directement mettre aux prises les Américains avec les victimes de leurs inqualifiables vexations.

Les Sioux, jaloux de garder leur indépendance, s’étaient de plus en plus enfoncés dans le désert. Au nombre de trente ou quarante mille, ils continuaient à vivre de


    amis des Blancs, durent quitter leur réserve du Minnesota, pour aller occuper, sur les bords du Missouri, un désert inculte, dépourvu de gibier, où rien n’était préparé pour les recevoir. Beaucoup moururent de faim. Vainement cherchaient-ils à fuir, se cachant dans les îles et les broussailles : des soldats, stationnant le long du fleuve, leur barraient le passage, et les reconduisaient de force dans leur réserve de désolation. (De Smet, Lettres choisies, 3e série, p . 195. — Helen Jackson, A Century of Dishonor, p. 229 -236, 393-395).

  1. À son frère François. — Saint-Louis, 16 avril 1862.
  2. À la supérieure générale des Sœurs de Sainte-Marie. — 1er mars 1862.