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sont, pour le moment, dans un dénuement voisin de la misère. Grâce aux aumônes recueillies en Europe, le P. De Smet peut leur fournir des vivres en abondance, des habits, des couvertures. Pour encourager leurs essais de culture et d’industrie, il leur laisse deux charrettes, plusieurs charrues, avec des outils de tout genre.

En quittant Saint-Pierre, il voudrait visiter les établissements de l’Orégon ; mais le bateau qui l’a amené au fort Benton doit prochainement redescendre le Missouri. Il se borne à remettre au supérieur, le P. Congiato, quantité d’ornements et de vases sacrés, qui seront distribués aux églises des diverses missions.

De retour à Saint-Louis, le P. De Smet fait de nouveaux achats. Au printemps de 1863, il remonte le fleuve avec deux Frères destinés aux missions, et une cargaison de la valeur de 15 000 livres.

Il faut, plusieurs jours durant, traverser un pays infesté de bandes sécessionnistes. En maint endroit, on rencontre des cadavres exposés sur la rive. Chaque voyageur a l’œil au guet et le fusil chargé ; le bateau porte, à l’avant, un canon de fort calibre. « Pour moi, dit le missionnaire, je ne me sers que des armes spirituelles. Tous les jours, dans ma cabine, j’offre le saint sacrifice. Les deux Frères et moi sommes pleins de confiance dans la protection d’en haut. Si le Seigneur est avec nous, qui pourra nous nuire » ?[1] Et, tranquillement, il essaie des rimes sur le malheur des temps.

  1. À Gustave Van Kerckhove. — À bord du Nellie Rogers, 15 mai 1863.