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Une autre fois, grâce à une allumette, il avait acquis, chez les Corbeaux, un singulier prestige.

Admirant avec quelle facilité le Père allumait sa pipe, les sauvages l’avaient cru doué d’un pouvoir magique, et lui avaient témoigné les plus grands égards. Aussi avait-il dû, avant de les quitter, leur distribuer quelques parcelles du « feu mystérieux ».

Quatre ans plus tard, visitant de nouveau leur pays, quel n’est pas son étonnement de voir la tribu entière accourue pour le recevoir ! Chefs et guerriers ont revêtu leurs plus beaux habits. Conduit d’une loge à l’autre, il doit subir force festins.

Le grand chef lui témoigne une particulière amitié.

— Robe-Noire, dit-il, c’est à toi que je dois le succès de mes armes.

En même temps, il détache de son cou un petit sachet, dans lequel le P. De Smet reconnaît le reste de ses allumettes.

— Je m’en sers, dit le chef, chaque fois que je vais à la guerre. Si le feu apparaît au premier frottement, je fonds sur mes ennemis, car je suis sûr de la victoire. Et le missionnaire avait dû lutter pour abolir cette étrange superstition.

— Vous voyez, disait-il en finissant, qu’il faut peu de chose, chez les sauvages, pour se faire un nom. Avec quelques allumettes, on passe pour un grand homme, et l’on reçoit les premiers honneurs.

L’anecdote suivante semble avoir eu grand succès. Surpris un soir, en pleine forêt, par la neige,

    déclare avoir entendu raconter au missionnaire un incident analogue. Cf. L’Habit d’Arlequin, Bruxelles, 1892, p. 343.